Alors que l'été s'enflamme pour deux
mois de vacances, chacun se retrouve au moins une fois en
short-claquettes-débardeur. Le soleil brûle les peaux salées sur
les transats, les enfants construisent des châteaux de sable
éphémères décorés de coquillages et des mères s'amusent aux
jeux estivaux des magazines. Les plages dorées deviennent des
patchworks de serviettes multicolores et les restaurants attirent les
passants par des odeurs de moules-frites.
C'est un brasier haut en couleur où
on dépense la ferraille accumulée le restant de l'année pour des
glaces à l'italienne et des bracelets pour les petits. Certains se
mettent à la pêche, d'autres à la glisse sur une planche bon
marché tandis que des nanas décident d'enlever le haut de leur
maillot pour bronzer avec du monoï. Les chefs goguenards, les
salariés frustrés, les familles nombreuses, les étudiants
saisonniers, tout le monde est tout le monde. Chacun se ressemble,
chacun se retrouve sur le même pied d'égalité dès que l'eau les
submerge avec du sable dans les oreilles.
C'est dans ces éclatantes
réjouissances qu'apparaît les javas nocturnes où les feux
d'artifices illuminent les bords de mer en pluie d'étoiles et
cheveux d'anges. Sous cette flambée de couleurs, les festivités
démarrent par des distractions sucrées. Non loin de là, des
caravanes se sont installées pour l'été. Des enfants en culotte
courent sur l'herbe jaunie tandis que des manouches préparent des
chipos sur un vieux barbecue.
Les fêtes foraines flamboyantes
éclairées par la lune comme une torche géante accueillent mille et
un touristes prêts à échanger du pèze contre des manèges à
sensation ou des confiseries écœurantes. On se promène entre les
stands. Les enfants friands de sucreries réclament des churros.
D'autres font la pêche aux canards en tentant de manger leur barbe à
papa couleur schtroumpf qui leur colle au visage. Une musique trop
forte sort de hauts parleurs et des cris se font entendre dans les
maisons de l'horreur et les attractions qui retournent l'estomac.
Chacun veut repartir avec son lot de souvenirs, de victoires aux
machines à sous, de gourmandises dans le ventre ou de peluches aux
jeux des ficelles. Des amis se tamponnent aux autos, des amoureuses
font les yeux doux à leur compagnon pour qu'ils leur attrapent la
peluche tant désirée que la pince relâche toujours. Le malheureux
amant remet désespérément des pièces se jurant d'attraper cette
peluche infernale pour sa dulcinée.
Ces célébrations nocturnes, phénix
estivaux, rassemblent toutes les lumières pour une flambée
expressive où les mille ampoules éclairent des visages groggy de
bonbons, de musique et de jeux alors que les poches se vident des
quelques cacahuètes prisent pour l'occasion.
Et lorsque les enfants baillent un peu
plus que de raison, que les hommes ont dépensé tous leurs ronds,
que des nanas tout sourire portent des peluches criardes qui leur
cachent le visage, la foire se vide peu à peu.
L'obscurité reprend sa place avec la
lune en guise de phare et le silence se fait au milieu d'un village
fantôme qui révélera le lendemain et toutes les nuits suivantes,
les illuminations estivales où des forains concurrencent pour
quelques heures l'éclat des étoiles.
Ambre