
Ni une ni deux, je me suis mise à ma
lecture. L'auteur relate l'histoire de trois générations de femme à
travers une confession enregistrée de Rosamond. Cette femme au récit
douloureux décide, avant de se suicider, de s'adresser à une
mystérieuse personne, Imogen et de lui révéler son histoire en
s'appuyant sur vingt photos qu'elle va soigneusement décrire et
détailler en retournant dans ses souvenirs les plus lointains.
Gill, la nièce de Rosamond, décide
de se rendre seule dans le Shropshire afin d'organiser les obsèques
de sa tante. Elle va alors découvrir l'électrophone, branché sur
un magnétophone... Avec ses deux filles, elle va alors partir à la
recherche de la fameuse Imogen à qui est destinée cette confession.
Mais ne la trouvant pas, elle et ses filles vont alors décider
d'écouter les cassettes pour découvrir les révélations de cette
famille.
Jonathan Coe -que je
n'avais encore jamais lu- arrive avec brio à nous mettre à la place
de Gill. Comme elle, nous sommes assises à écouter le récit de
Rosamond. Nous nous retrouvons dans les années 40, 50, … jusqu'à
nos jours. Ce que j'ai trouvé de formidable, c'est la puissance
commémorative des photos ou disons la force qu'elles ont de nous
cacher et de nous dévoiler les plus sombres souvenirs... Les
descriptions sont telles, que nous arrivons à « voir »
ces photos. Nous faisons partie de cette histoire en spectateur
averti.
Ce livre m'a au prime
abord fait penser Au goût des pépins de
pommes de Katharina Hagena mais Jonathan Coe,
s'il parle effectivement de la mémoire et des souvenirs, a un thème
bien particulier qui parcoure tout son roman : nos vies
sont-elles tracées par avance ? Existe-t-il le libre-arbitre ou
y a-t-il une logique qui préside à ces existences ? En bref,
notre destin serait-il relié aux générations précédentes? Ne
sommes-nous pas finalement liés entre nous par un fil invisible et
notre vie serait-elle orientée à notre insu? Vaste question
auquel l'auteur ne donne pas de vérité établie mais pose ça et là
des coïncidences tout au fil du récit.
Roman, donc, que je
conseille vivement. Je me suis régalée du début à la fin, et ce
livre m'a laissée un étrange goût de terre et de pluie en
m'emmenant dans les campagnes anglaises.
Enfin, le titre poétique
ne peut nous laisser indifférent. Qu'est-ce que la pluie avant
qu'elle tombe ? « C'est de l'humidité, rien de plus. »
dira Rosamond jusqu'à ce que Théa -mère d'Imogen- ajoutera « Bien
sûr que ça n'existe
pas. C'est bien pour ça
que c'est ma préférée. Une chose n'a pas besoin d'exister pour
rendre les gens heureux, pas, vrai ? »
Et vous, qu'en
pensez-vous ?
Ambre
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