Applique consciencieusement
quelques coups de langues.
La referme.
Quelques mèches de cheveux viennent lui chatouiller
les joues.
« Tiens voilà ma baleine à bosse » dit-elle en
souriant.
De ses doigts fins elle me fait passer le calumet de notre
soirée au-dessus de légumes croquants et de verres de vin blanc.
Nous sommes quatre dans ce salon éclairé çà et là par
quelques bougies et du jazz en fond.
A vrai dire je suis là seule à ne pas savoir rouler
correctement le tabac. Sauf si on aime fumer des troncs d’arbre…
Elle s’en confectionne une autre tandis que notre mère regarde
ses trois filles, apaisées par cette ambiance hors du temps.
Le feu circule. Il cliquète. L’inspiration de la cigarette.
Ce soir est devenu un rituel sacré. Instauré comme ça. Parce
que ça fait du bien. On parle de tout. De nos journées d’abord. Pour laisser la
place aux blessures, aux questions de l’enfance restées sans réponse, aux
émerveillements.
On retrouvera des souvenirs autour des pizzas de notre
boulangère. Toutes simples avec une sauce tomate, du gruyère et des herbes. Mais
avec un œuf au plat rajouté avec soin par notre mère.
On découvrira au détour de regards des amours fugaces, des
rencontres restées longtemps secrètes.
On chantera. Au grand dam des voisins. On se dira surtout
combien nous nous aimons. Quatre bonnes femmes. Là dans cette cuisine. Et c’est
tout ce qui comptera sur le moment présent. Il n’y aura plus de soucis. Juste les
rires.
Cette nuit se terminera une fois les bouteilles de vin
vides. Les rires doux mais fatigués.
Marcher droit relèvera parfois du succès. Mais qu’importe. Personne
pour nous montrer du doigt.
Et le lendemain ? Au réveil malgré l’haleine fétide on
se dira que cette soirée est irremplaçable.
Mais on ira quand même prendre des douches avant que les
hommes ne reviennent dans nos vies !
June
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