Diana ou « Die »
incarnée par la fabuleuse Anne Dorval est une veuve qui reprend la
garde de son fils Steve (Antoine-Olivier Pilon) suite à une
expulsion de son centre de rééducation en raison d'un incendie. Ce
dernier est atteint de troubles comportementaux (TDAH) et les
retrouvailles avec sa mère seront autant explosives qu'émouvantes.
Apparaît alors un troisième personnage, Kyla (Suzanne Clément), la
voisine d'en face, une enseignante dépressive en congé sabbatique
qui va devenir l'amie de Diana et le professeur de Steve. Ce trio
très fragile, à la limite du déséquilibre, nous emporte dans des
relations orageuses et passionnées.
Le format resserré
(1:1) choisi par Dolan permet de dresser le portrait des personnages
dans un esthétisme qui n'est pas dénué de sens. Nous sommes figés
face à cet isolement à la limite de l'étouffement qui nous dévoile
une quête d'espoir, une redoutable envie de nouveaux horizons et de
liberté merveilleusement représentés quand Steve écarte les bords
du cadre sur un air de « Wonderwall » d'Oasis.
Je me suis demandée si j'irai voir le film au cinéma. Je suis le jeune réalisateur depuis son long-métrage J'ai tué ma mère (2009) qui m'avait profondément marquée à l'époque. J'avais alors rencontré un prodige du cinéma mais surtout, un artiste. J'avais aussi découvert par la même occasion l'actrice Anne Dorval qui est sans doute devenue une icône de la représentation maternelle.
Même en pantalon moulant à sequins avec des talons compensés et des bijoux fantaisies, Anne Dorval parvient à garder une élégance qui me sidère.
Hésitante, je l'étais. Je n'avais vu que ses deux premiers films au cinéma, préférant voir les autres tranquillement chez moi pour exprimer mes émotions sans honte. Finalement, je décidais de me rendre à un cinéma d'art et d'essai en plein après-midi et de me laisser emporter par Mommy. Je suis restée scotchée à mon fauteuil. Je ne suis pas une mère dépassée, ni une enseignante dépressive, ni un gars qui se sens étriqué dans un monde qui ne le comprend pas mais pourtant, je les comprend tous. Comment se fait-il qu'à chaque fois que je visionne un de ses films, je reste silencieuse, comme sonnée, choquée ?
Les scénarios de Xavier Dolan, la puissance de ses personnages, l'univers musical (il n'y a que lui qui puisse m’entraîner dans une musique de Céline Dion!) me prennent aux tripes. Il n'est pas dans un genre codifié mais nous montre avec une grande simplicité, des gens cabossés où on se retrouve tous à un moment donné. J'aime particulièrement observer ses personnages de dos. Leur démarche, leur nuque, tout est sensuel, gracieux...
Ma gorge fut serrée tout le long du film. Je ne voulais pas qu'on voit un visage ravagé quand les lumières de la salle se rallumeraient. Je suis restée muette, assise à fixer le générique de fin pendant que mon esprit errait dans un brouillard sans fin. Il y aurait tant de choses à raconter, à dire, à écrire sur ce film ou sur les autres mais je pense en avoir assez dévoilé.
Xavier Dolan, on déteste ou on adore. Pour ma part, je rêverai de rencontrer ce jeune québécois pour parler écriture, scénario et tout le reste... Peu de réalisateurs me touchent comme il le fait. Je me pose juste une question : quand parleras-tu de la relation père-fille ? Je suis plus qu'intriguée de la représentation que tu peux en faire...
Ambre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire