lundi 25 août 2014

Les fêtes foraines


Alors que l'été s'enflamme pour deux mois de vacances, chacun se retrouve au moins une fois en short-claquettes-débardeur. Le soleil brûle les peaux salées sur les transats, les enfants construisent des châteaux de sable éphémères décorés de coquillages et des mères s'amusent aux jeux estivaux des magazines. Les plages dorées deviennent des patchworks de serviettes multicolores et les restaurants attirent les passants par des odeurs de moules-frites.
C'est un brasier haut en couleur où on dépense la ferraille accumulée le restant de l'année pour des glaces à l'italienne et des bracelets pour les petits. Certains se mettent à la pêche, d'autres à la glisse sur une planche bon marché tandis que des nanas décident d'enlever le haut de leur maillot pour bronzer avec du monoï. Les chefs goguenards, les salariés frustrés, les familles nombreuses, les étudiants saisonniers, tout le monde est tout le monde. Chacun se ressemble, chacun se retrouve sur le même pied d'égalité dès que l'eau les submerge avec du sable dans les oreilles. 

C'est dans ces éclatantes réjouissances qu'apparaît les javas nocturnes où les feux d'artifices illuminent les bords de mer en pluie d'étoiles et cheveux d'anges. Sous cette flambée de couleurs, les festivités démarrent par des distractions sucrées. Non loin de là, des caravanes se sont installées pour l'été. Des enfants en culotte courent sur l'herbe jaunie tandis que des manouches préparent des chipos sur un vieux barbecue.
Les fêtes foraines flamboyantes éclairées par la lune comme une torche géante accueillent mille et un touristes prêts à échanger du pèze contre des manèges à sensation ou des confiseries écœurantes. On se promène entre les stands. Les enfants friands de sucreries réclament des churros. D'autres font la pêche aux canards en tentant de manger leur barbe à papa couleur schtroumpf qui leur colle au visage. Une musique trop forte sort de hauts parleurs et des cris se font entendre dans les maisons de l'horreur et les attractions qui retournent l'estomac. Chacun veut repartir avec son lot de souvenirs, de victoires aux machines à sous, de gourmandises dans le ventre ou de peluches aux jeux des ficelles. Des amis se tamponnent aux autos, des amoureuses font les yeux doux à leur compagnon pour qu'ils leur attrapent la peluche tant désirée que la pince relâche toujours. Le malheureux amant remet désespérément des pièces se jurant d'attraper cette peluche infernale pour sa dulcinée. 

Ces célébrations nocturnes, phénix estivaux, rassemblent toutes les lumières pour une flambée expressive où les mille ampoules éclairent des visages groggy de bonbons, de musique et de jeux alors que les poches se vident des quelques cacahuètes prisent pour l'occasion.
Et lorsque les enfants baillent un peu plus que de raison, que les hommes ont dépensé tous leurs ronds, que des nanas tout sourire portent des peluches criardes qui leur cachent le visage, la foire se vide peu à peu.
L'obscurité reprend sa place avec la lune en guise de phare et le silence se fait au milieu d'un village fantôme qui révélera le lendemain et toutes les nuits suivantes, les illuminations estivales où des forains concurrencent pour quelques heures l'éclat des étoiles.


Ambre

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