lundi 19 janvier 2015

La pluie, avant qu'elle tombe


Alors que je me promenais dans les rayonnages de Gibert Joseph à la recherche d'une petite perle qui m'emmènerais loin de mon train-train habituel, je suis tombée sur ce livre : La pluie, avant qu'elle tombe de Jonathan Coe.

Ni une ni deux, je me suis mise à ma lecture. L'auteur relate l'histoire de trois générations de femme à travers une confession enregistrée de Rosamond. Cette femme au récit douloureux décide, avant de se suicider, de s'adresser à une mystérieuse personne, Imogen et de lui révéler son histoire en s'appuyant sur vingt photos qu'elle va soigneusement décrire et détailler en retournant dans ses souvenirs les plus lointains.

Gill, la nièce de Rosamond, décide de se rendre seule dans le Shropshire afin d'organiser les obsèques de sa tante. Elle va alors découvrir l'électrophone, branché sur un magnétophone... Avec ses deux filles, elle va alors partir à la recherche de la fameuse Imogen à qui est destinée cette confession. Mais ne la trouvant pas, elle et ses filles vont alors décider d'écouter les cassettes pour découvrir les révélations de cette famille.

Jonathan Coe -que je n'avais encore jamais lu- arrive avec brio à nous mettre à la place de Gill. Comme elle, nous sommes assises à écouter le récit de Rosamond. Nous nous retrouvons dans les années 40, 50, … jusqu'à nos jours. Ce que j'ai trouvé de formidable, c'est la puissance commémorative des photos ou disons la force qu'elles ont de nous cacher et de nous dévoiler les plus sombres souvenirs... Les descriptions sont telles, que nous arrivons à « voir » ces photos. Nous faisons partie de cette histoire en spectateur averti.

Ce livre m'a au prime abord fait penser Au goût des pépins de pommes de Katharina Hagena mais Jonathan Coe, s'il parle effectivement de la mémoire et des souvenirs, a un thème bien particulier qui parcoure tout son roman : nos vies sont-elles tracées par avance ? Existe-t-il le libre-arbitre ou y a-t-il une logique qui préside à ces existences ? En bref, notre destin serait-il relié aux générations précédentes? Ne sommes-nous pas finalement liés entre nous par un fil invisible et notre vie serait-elle orientée à notre insu? Vaste question auquel l'auteur ne donne pas de vérité établie mais pose ça et là des coïncidences tout au fil du récit.

Roman, donc, que je conseille vivement. Je me suis régalée du début à la fin, et ce livre m'a laissée un étrange goût de terre et de pluie en m'emmenant dans les campagnes anglaises.

Enfin, le titre poétique ne peut nous laisser indifférent. Qu'est-ce que la pluie avant qu'elle tombe ? « C'est de l'humidité, rien de plus. » dira Rosamond jusqu'à ce que Théa -mère d'Imogen- ajoutera « Bien sûr que ça n'existe pas. C'est bien pour ça que c'est ma préférée. Une chose n'a pas besoin d'exister pour rendre les gens heureux, pas, vrai ? »

Et vous, qu'en pensez-vous ?


Ambre

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