lundi 22 décembre 2014

La soirée



Après un trajet chaotique dans le froid et la pluie, nous arrivons à l'appartement, transis. Nous sommes les premiers arrivés. Je dépose les sacs chargés de cadeaux dans le couloir, enlève mon manteau et mes bottes hautes et me pose dans le salon. Cinq minutes plus tard, on sonne à la porte. C'est l'ami de la famille qui vient nous saluer et m'offrir un cadeau charmant qui fait grossir les hanches.

Il repart instantanément pour se rendre dans une cave à vin et chez un traiteur, histoire de nous offrir l'apéro : vin rouge, tapas et tortilla. Nous sommes cinq dans le salon. La télévision passe des clips en sourdine tandis que nous discutons, partageons. Le rouge fait petit à petit son effet et nous rions de plus en plus. Nous apprenons une révélation qui me rend très curieuse. Je me rue dans la chambre de ma petite sœur et lance tout de go : « Il s'appelle comment ? Il a quel âge ? Il est comment ? Il.... ». Elle me raconte tandis que j'opine. Les grandes sœurs « harpies », c'est un peu nous mais ça, elle s'en doutait.

L'ami s'en va et la porte d'entrée sonne à nouveau. June est là avec son Roméo, les beaux-parents. Je lui dis : « Tu sais quoi ? Elle a un amoureux ». Elle monte les escaliers à toute allure pour en savoir plus. Nous sommes comme ça, dans la famille. Curieuses.

La soirée démarre. Sous le pied du petit sapin, les cadeaux s'entassent. Il faut chercher une place pour déposer les siens. Le deuxième apéritif commence. On essaye de se tenir à carreaux tant bien que mal. Cette fois-ci, c'est du blanc. On prend des nouvelles. Comment va untel, comment se passe la vie, là-bas, dans les autres villes.

Puis nous passons à table. Notre mère a préparé un menu de fêtes. Rouleaux de printemps revisités, plat à consonance brésilienne que je suis incapable de retenir... Les bouteilles s'enchaînent à chaque plat. Les « adultes » sont d'un côté de la table, les plus jeunes de l'autre. Les plus jeunes ? C'est nous. Nous nous mettons à prendre des stylos, à dessiner sur la nappe de papier blanc. On rit. On se raconte. Des bêtises, des âneries. C'est toujours comme ça ici. On devient des p'tites chipies qui font les quatre cent coups.

A certains moments, nous nous retrouvons dans la cuisine. Les trois sœurs ensemble. On discute, rions sous cape. On se cache en fumant des cigarettes.

Enfin le dessert arrive. Je n'en peux plus. Arrive l'échange des cadeaux . On déchire, jette les papiers colorés au sol, admirons les trouvailles, les présents. Puis c'est les embrassades, les remerciements et les « il ne fallait pas ». La soirée passe vite. Il est temps pour eux de partir. Mon Jules et moi restons là pour la nuit. On leur demande ce qu'ils vont faire le lendemain. « Vous allez au temple ? ». L'adorable belle-mère répond d'un air malicieux : « On fait péter. Pour les petits, ils ne sont pas là tout le temps. »

Après les au revoir, nous ne sommes plus que quatre, installés sur les fauteuils. Elles, sont excitées. Elles mettent l'album de Pulp fiction. Notre mère se dandine comme jamais. Puis un second album. La B.O de Grease. Scène de dandinage bis.

Je suis fatiguée. Je déclare qu'il est temps de mettre fin à tout ça. Temps d'aller se coucher, enfin. Embrassades et extinctions des feux. La soirée est désormais finie.

Il faudra attendre l'année prochaine pour revivre ce genre de moments. Nos soirées entre filles combleront cela les mois qui viendront.

Voilà à quoi ressemblent les fêtes chez nous. C'est toujours des retrouvailles, de l'impatience, des rires et des yeux qui brillent sous l'effet du vin. On taira ce qu'il ne faut pas dire. On privilégiera les blagues débiles et les bêtises. On sera les enfants de notre mère et ce retour à l'enfance nous fera du bien.

Malgré le froid et la pluie qui s'animent au dehors, ce lieu, comme un port d'attache, nous réchauffera en cette saison glaciale.

Ambre

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