Après un trajet chaotique dans le
froid et la pluie, nous arrivons à l'appartement, transis. Nous
sommes les premiers arrivés. Je dépose les sacs chargés de cadeaux
dans le couloir, enlève mon manteau et mes bottes hautes et me pose
dans le salon. Cinq minutes plus tard, on sonne à la porte. C'est
l'ami de la famille qui vient nous saluer et m'offrir un cadeau
charmant qui fait grossir les hanches.
Il repart instantanément pour se
rendre dans une cave à vin et chez un traiteur, histoire de nous
offrir l'apéro : vin rouge, tapas et tortilla. Nous sommes cinq
dans le salon. La télévision passe des clips en sourdine tandis que
nous discutons, partageons. Le rouge fait petit à petit son effet et
nous rions de plus en plus. Nous apprenons une révélation qui me
rend très curieuse. Je me rue dans la chambre de ma petite sœur et
lance tout de go : « Il s'appelle comment ? Il a quel
âge ? Il est comment ? Il.... ». Elle me raconte
tandis que j'opine. Les grandes sœurs « harpies », c'est
un peu nous mais ça, elle s'en doutait.
L'ami s'en va et la porte d'entrée
sonne à nouveau. June est là avec son Roméo, les beaux-parents. Je
lui dis : « Tu sais quoi ? Elle a un amoureux ».
Elle monte les escaliers à toute allure pour en savoir plus. Nous
sommes comme ça, dans la famille. Curieuses.
La soirée démarre. Sous le pied du
petit sapin, les cadeaux s'entassent. Il faut chercher une place pour
déposer les siens. Le deuxième apéritif commence. On essaye de se
tenir à carreaux tant bien que mal. Cette fois-ci, c'est du blanc.
On prend des nouvelles. Comment va untel, comment se passe la vie,
là-bas, dans les autres villes.
Puis nous passons à table. Notre mère
a préparé un menu de fêtes. Rouleaux de printemps revisités, plat
à consonance brésilienne que je suis incapable de retenir... Les
bouteilles s'enchaînent à chaque plat. Les « adultes »
sont d'un côté de la table, les plus jeunes de l'autre. Les plus
jeunes ? C'est nous. Nous nous mettons à prendre des stylos, à
dessiner sur la nappe de papier blanc. On rit. On se raconte. Des
bêtises, des âneries. C'est toujours comme ça ici. On devient des
p'tites chipies qui font les quatre cent coups.
A certains moments, nous nous
retrouvons dans la cuisine. Les trois sœurs ensemble. On discute,
rions sous cape. On se cache en fumant des cigarettes.
Enfin le dessert arrive. Je n'en peux
plus. Arrive l'échange des cadeaux . On déchire, jette les
papiers colorés au sol, admirons les trouvailles, les présents.
Puis c'est les embrassades, les remerciements et les « il ne
fallait pas ». La soirée passe vite. Il est temps pour eux de
partir. Mon Jules et moi restons là pour la nuit. On leur demande ce
qu'ils vont faire le lendemain. « Vous allez au temple ? ».
L'adorable belle-mère répond d'un air malicieux : « On
fait péter. Pour les petits, ils ne sont pas là tout le temps. »
Après les au revoir, nous ne sommes
plus que quatre, installés sur les fauteuils. Elles, sont excitées.
Elles mettent l'album de Pulp fiction. Notre mère se dandine comme
jamais. Puis un second album. La B.O de Grease. Scène de dandinage
bis.
Je suis fatiguée. Je déclare qu'il
est temps de mettre fin à tout ça. Temps d'aller se coucher, enfin.
Embrassades et extinctions des feux. La soirée est désormais finie.
Il faudra attendre l'année prochaine
pour revivre ce genre de moments. Nos soirées entre filles
combleront cela les mois qui viendront.
Voilà à quoi ressemblent les fêtes
chez nous. C'est toujours des retrouvailles, de l'impatience, des
rires et des yeux qui brillent sous l'effet du vin. On taira ce qu'il
ne faut pas dire. On privilégiera les blagues débiles et les
bêtises. On sera les enfants de notre mère et ce retour à
l'enfance nous fera du bien.
Malgré le froid et la pluie qui
s'animent au dehors, ce lieu, comme un port d'attache, nous
réchauffera en cette saison glaciale.
Ambre
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